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Enfant grandissant en ville, j'aimais l'été profiter de mes vacances à la ferme chez mon oncle et ma tante.

Joseph et Marie parents de six enfants tenaient une belle ferme, une quinzaine de vaches, une douzaine de porcs, des lapins, des poules, pintades, dindons et canards qui profitaient d'un bel espace et de deux mares. Leurs deux chiens étaient habitués à tout ce petit monde, parfois s'ils leur prenaient une envie de jouer, il coursaient brièvement une poule ou deux.

Pour ceux d'entre eux qui vivaient en liberté, il était bien évident qu'un espace leur était totalement interdit : l'immense potager ou Tante Marie lorsque son travail y était terminé pour la journée, s'y promenait quelques instants, certainement pour définir ses tâches du lendemain. Mais moi, mes yeux d'enfant la voyait, belle comme une reine, fière de son royaume dont les sujets étaient ses fleurs, légumes, aromates et  fruits s'y harmonieusement répartis. 

 

Le matin nous ne déjeunions pas à la même heure, alors Tante Marie maintenait le lait au chaud dans une grande casserole, sur le coin de la cuisinière à bois.

Sur ce lait pur produit de leur ferme finissait par se former  une épaisse peau, écœurante pour certains mais dont je me régalais.

Le bol de chocolat, le gros pain de six livres sur la table, le beurre et les confitures maison constituait ce petit déjeuner chaleureux.

C'est dans cette pièce principale de la maison, coin cuisine, grande cheminée, longue table et ses deux bancs pouvant accueillir au moins huit personnes de chaque côté qu'en période de moisson, au moment de notre petit déjeuner mon oncle et ses amis, au travail depuis le lever du jour, s’installaient à côté de nous devant un pot de rillettes, du pâté, du fromage, du cidre et du café, mais surtout de la bonne humeur. 

Ils avaient formé ce qu'ils appelaient la CUMA, regroupement de fermiers qui moissonnaient tous ensemble les fermes de chacun.

Ce joyeux moment d'échanges et de plaisanteries me rendait heureuse et mais surtout ces matins-là ,  j'avais l'impression de faire quelque chose d’extraordinaire, parce que j'étais autorisée à manger une tartine de rillettes au petit déjeuner. 

 

Une fois  rassasiés, les hommes reprenaient la direction du champ et la moissonneuse-batteuse à peine refroidie recommençait son travail de fabrication de bottes de foin et de gardienne de ce bien si précieux qu'était le blé.

En fin de matinée, nous avions pour mission avec mon cousin Didier de leur porter de quoi se désaltérer, quelques bouteilles de cidre dans un sac que nous confiait Tante Marie. 

De la route principale pour accéder à la ferme, il fallait emprunter l'allée privée longue d'un peu plus d'un kilomètre, les champs de mon oncle étaient de part de d'autre de cette allée. Nous marchions d'un bon pas même si parfois pour nos petites jambes selon le champ moissonné, le trajet nous paraissait long, l'avantage c'est que nous ne souffrions pas de la chaleur, de grands  platanes ombrageant totalement cette allée.

 

La moissonneuse-batteuse vrombissait fortement et laissait dans son sillage une traînée de poussière, il nous fallait rejoindre les fermiers en passant par la partie moissonnée et les picots restés au sol nous écorchaient les chevilles, trop chaud pour mettre de bottes qui nous auraient mieux protégés.

Je me souviens de ce sentiment de fierté que je ressentais lorsque que chacun s'arrêtait pour se désaltérer et nous en remerciait avant de se remettre rapidement au travail afin d'éviter les grosses chaleurs ou au mieux que le blé ne se couche sous l'effet d'un orage.

Didier et moi reprenions le chemin du retour, prenant cette fois-ci le temps de s'amuser de tout et de rien dans l'attente de notre prochaine mission.

 

 

Véronique T.

Tag(s) : #Véronique T., #Textes de participants, #La Passagère
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