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La nuit me ment
Ses mensonges m’emportent, coquille chahutée par des vents sournois. Je saute d’étoile en trou noir, je trébuche sur mes amours perdues jonchant les décharges sentimentales. Je franchis d’un bond les fleuves charriant les eaux noires des deuils. Je tâtonne, effleure, hume et cogne.
L’obscurité avale mes pas.
 
*    *    *
Nuit, Ô nuit !
Mens-moi,
Mens-moi encore,
Mens-moi mieux !
Enveloppe-moi de tes velours.
Le silence est la musique
De ton sombre cabaret,
Berce ce corps dépourvu,
Allume des chaleurs fauves
Aux odeurs de terre humide,
Ruisselle de tes étoiles éparses
Sur les paupières des enfants,
Pousse les navires de tes souffles,
Laisse les chiens aboyer
A l’ombre qui dessine tes contours.
 
Renonce à moi, belle nuit,
Et désire le jour !
 
*    *    *
Cette nuit-là…
Cette nuit-là, il n’a pas ouvert les yeux. Il m’a parlé paupières closes.
Cette nuit-là, il m’a souri avec effort pour résister à l’appel incessant de son lointain.
Cette nuit-là, son front luisant a doucement effacé les rides de sa vie.
Cette nuit-là, il a beaucoup dormi. Quelques réveils absurdes ont abimé cette nuit-là.
Cette nuit-là, il a gémi de tout son corps.
Cette nuit-là, il a repoussé ma main trop lourde, trop chaude, trop douloureuse à son corps meurtri.
Cette nuit-là, j’ai parlé à Dieu, à son Dieu.
Cette nuit-là, j’ai tendu vers lui tous les voiles de mon amour.
Cette nuit-là…cette nuit-là…
Il n’a pas vu l’aube rosir la brume ni le goéland posé sur la rambarde.
Il n’a pas vu…il n’a pas vu… ce matin-là…
Il ne m’a pas vue.
 
Dominique B.

 

Tag(s) : #Textes de l'atelier, #Textes de participants, #Dominique B., #La nuit
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